L'accord conclu en novembre dernier entre l'Australie et les Tuvalu, qui prévoit l'accueil des habitants de l'archipel menacé par la montée des eaux, suscite des réactions mitigées.
D'un côté, c'est une solution à un problème, c'est incontestable. Les Tuvalu, comme de nombreuses autres îles du Pacifique, sont menacées de submersion par la montée du niveau de la mer. Selon une étude de la NASA, le niveau de la mer autour des Tuvalu a augmenté de près de 10 centimètres au cours des 30 dernières années, et devrait à nouveau s'élever de 10 centimètres ou plus d'ici à 2050.
Pour les habitants des Tuvalu, l'asile climatique offert par l'Australie est une chance de survie. Ils pourront quitter leur pays d'origine et s'installer dans un pays développé, où ils auront accès à des conditions de vie meilleures.
Mais d'un autre côté, l'accord ne demande pas à l'Australie, l'un des plus grands exportateurs de combustibles fossiles au monde, de prendre davantage de mesures pour lutter contre le réchauffement climatique, qui est à l'origine des difficultés des Tuvalu.
Le chef de l'opposition des Tuvalu, O'Neill Fuatafa, résume la situation : "Si l'Australie souhaite offrir une voie humanitaire aux Tuvaluans, le meilleur moyen d'y parvenir est de réduire ses émissions, de cesser d'ouvrir des mines de charbon et d'arrêter d'exporter du charbon."
En effet, même si déménager est possible, cela ne change rien au fait que l'eau continue de monter partout dans le Pacifique.
En outre, l'accord comporte une clause qui donne à l'Australie une sorte de droit de veto lorsque les Tuvalu voudront passer un accord de sécurité ou de défense avec un autre pays. Cette clause est largement considérée comme un effort pour exclure la Chine.
Pékin inquiète l'Occident par sa présence croissante dans le Pacifique Sud, en particulier dans les Îles Salomon, où elle a obtenu une reconnaissance diplomatique en 2019 et a conclu un accord de sécurité l'année dernière.
En conclusion, l'accord entre l'Australie et les Tuvalu est une solution à un problème urgent, mais il est aussi le reflet des tensions géopolitiques qui se jouent dans le Pacifique Sud.